Jean-Noël Wintergerst : Le Grand Tricotin

Exposition à la librairie
À partir du 4 janvier 2025

Jean-Noël Wintergerst
Le Grand Tricotin

Après le décès de sa mère, Jean-Noël Wintergerst eut l’idée de récupérer des brins de laine pour en faire une galerie très travaillée, évocatrice des événements du siècle, autour d’un déroulé de couleurs vives ondulant évoquant les soieries d’une robe de Geisha. Débuté en septembre 1992, Le Grand Tricotin a été confectionné pendant 33 années, que l’artiste estime à 3 500 heures de travail. Il est pour la première fois exposé à la librairie de la Halle Saint Pierre durant le mois de janvier 2025.

« Les tricotins sont d’abord fabriqués depuis le fil de laine avec la moulinette. Ensuite, motif par motif, ils sont piqués sur un poncif lui-même piqué sur l’envers sur une plaque en polystyrène extrudé et assemblés au petit point. Les pièces intermédiaires sont ensuite assemblées sur l’envers au petit point sur le tricotin final.
La pièce fait 2m40 x 1m60 et a nécessité environ 14 kilomètres de fil pour faire en gros deux kilomètres de tricotin et donc quatre kilomètres de couture au petit point (presque un million de petits points….), d’où le nom : Le Grand Tricotin.
A chaque changement de couleur, il faut changer de fil. De même il faut (en principe) assembler les pièces avec la couleur d’une des pièces adjacentes.
Comme c’est un assemblage au petit point de mètres de tricotins, la pièce est réversible. 80% des pelotes sont de la récupération. J’ai glissé dans les dessins des motifs pour les quelques généreux donateurs.
Je pense être le seul à avoir fait un tricotin aussi grand. »
– Jean-Noël Wintergerst

Daniel Besace

EXPOSITION

Il me semble que l’art est une porte d’entrée dans le monde. En se glissant dans la solitude pour peindre, il se peut que le monde retrouve de la couleur et de la beauté, que cela pose des pansements sur des visions déchirantes diffusées en ce moment, où la politique, l’argent et les religions ne font plus qu’un amas de chairs et de métal.
L’avantage de la peinture sur l’écriture c’est qu’elle n’est pas parcourue par la parole, elle ne peut être intelligible, tout discours est une interprétation. La peinture ne contient aucune vérité, seulement des désirs.
L’acte de peindre est plus proche de la méditation contemplative que du discours.
Il n’y a pas le flot du dialogue intérieur et en cela, la peinture est très éloignée des livres.
L’apparition du monde sous le pinceau est si proche de la pensée préhistorique, que le monde secret de la grotte devient une découverte de l’esprit.

Extraits du catalogue :

 » Peut-être un tableau nait-il d’une impossibilité de faire un pas de plus dans l’intelligible?
Peut-être une peinture nait-elle d’un besoin absolu de s’isoler du monde ?
En peinture, la lumière ne m’intéresse pas beaucoup, elle est trop mécanique et je la pense indépendante de la couleur, car trop focalisante.
Un tableau me semble une surface sans dimension où seul l’esprit est une réalité.
La peinture serait une réflexion entre les regards détournés.
La profondeur du monde est un va et vient entre le contour et l’indécis.
Toute collection, tout musée, est peut-être une accumulation de ce qui ne fut pas jeté, détruit.
Peut-être les œuvres d’art devrait-elle être exposées dans des sacs plastics transparents, prêtes à être jetées, dans l’indifférence d’une époque ?
Dans toute peinture affleure l’enfance, à la surface des couleurs, dans l’intention de peindre, le conflit entre la nature et l’humain.
Quel est le regard des animaux sur l’humain abandonné dans la nature ?
Le voient-ils humain ou animal ?
Et s’il est paré comme Icare ayant chuté dans l’eau encore garni de quelques plumes élimées ? «