Eric Nivault

Eric Nivault fait ses J.O
Exposition du 1er juillet au 10 août 2024
A la librairie de la Halle Saint Pierre – entrée libre
Tous les jours sauf le 14 juillet et en aout de 12h à 18h – fermé le weekend
Informations pratiques – horaires ici

L’artiste sera présent à partir de 14h30 :
mercredi 3, jeudi 4 ,vendredi 5 et samedi 6 juillet. 

DEDICACE
Eric Nivault
Mardi 9 juillet de 14h30  à 17h30 
A l’occasion de la parution du livre
STARTINGS-BOCKS
Editions Carnets-livres, juillet 2024

En présence de l’artiste et éditeur Daniel Besace,
Patrick Navaï, poète et peintre, auteur des textes.

 

Eric Nivault est né à la fin des années cinquante en Bretagne.
Je l’imagine enfant rêveur, regardant l’horizon, attentif aux roulis des bateaux, aux coques multicolores, ballotés par les vagues, sentant sur sa peau le vent abrasif des plages, le pavillon des oreilles dressé, à l’écoute .
A l’écoute des personnages hauts en couleur, accoudés au comptoir des rades de Brest ou d’ailleurs, filant au gré des tournées la trame de récits improbables ponctués de mystérieux sous-bocks.
Eric, présente à la librairie de la Halle Saint Pierre, qu’il fréquente depuis de nombreuses années, une série étonnante où il magnifie cet objet du quotidien, presque banal, et lui rend ses lettres de noblesse, un support de rêves, un écran où il projette des images de son cinéma intérieur.
Pas un documentaire dédié aux sportifs, mais l’évocation d’une danse, d’un instant de grâce éclos au prix d’une pratique assidue et d’une exigence extrême, un absolu, qui sitôt atteint, disparaît. Il réveille en nous une soif inextinguible, celle de voir le monde dans le chatoiement des couleurs rédimées et nous aide à vivre notre vie de tous les jours.
Eric est un compositeur ; il assemble ici, les sous-bocks pour orchestrer des images :
haltérophile désabusé, cavalier proche de la chute, nageuse à bout de souffle, lanceur de poids voltigeur, et bien sûr, l’exploit le plus grandiose ; “le saut au-dessus des nuages “.

– Pascal Hecker

NOTICE BIOGRAPHIQUE

Eric Nivault, artiste autodidacte, est né en 1958 à Guingamp. Ses œuvres ont été montrées plusieurs fois à la Halle Saint Pierre, à Fondation Abbé Pierre, au sein des Hôpitaux G.Heuyer, Bretonneau et en galerie – Galeries Objet Trouvé, 5è Galerie, Schwab Beaubourg – ainsi que dans plusieurs festivals d’art singulier.

 

 

Punto e basta

LE LIVRE ici

Les éditions punto e basta continuent de montrer l’œuvre protéiforme de Romain Denis en publiant un deuxième livre « HAÏKUROUCOUCOU » à paraître prochainement dans lequel il tord l’haïku dans tous les sens sur des plaques de verre ou sur de grandes tentures multicolores pour en détourner le sens et moquer au passage sa banalisation.
Nous souhaiterions accompagner cette présentation d’une exposition de ses œuvres : les plaques de verre et les tentures
ainsi que les rébus en lien avec le premier livre, RAIE BUS, ARTISTE MOTS-DITS, publié en 2021, 56 rébus photographiés. Les rébus sont réalisés avec des objets chinés. Il faut deviner des mots, des expressions, des noms propres.

 

Stéphane Blanquet

RENCONTRE / SIGNATURE

A l’occasion de la parution du livre
Blanquet. D’hier à aujourd’hui
de Alla Chernetska
Editions Serious Publishing.

Dimanche 28 avril 2024 de 15h à 16h – entrée libre 

Halle Saint Pierre, à l’auditorium

Réservation recommandée : 01 42 58 72 89

La rencontre-débat sera animée par Xavier-Gilles Néret professeur agrégé de philosophie

 

José Guirao

Exposition du 2 au 31 mai 2024
Dessins – crayons couleur

A la librairie de la Halle Saint Pierre – entrée libre

Présentation par Bruno Montpied
Artiste, collectionneur et critique d’art

José Guirao, originaire d’Arles, et issu de parents espagnols, s’est mis au dessin avec assiduité et acharnement assez récemment, vers 2015, d’abord en noir et blanc, suite à des problèmes de santé. Mais, comme il l’a écrit, il dessinait déjà un peu, dans sa jeunesse, puis par intermittence les années suivantes. Son expression favorite, parallèlement, était davantage la photographie à laquelle il s’appliquait sans la moindre formation mais avec un sens esthétique affirmé. Il a longtemps gagné sa vie comme animateur du périscolaire à la Ville de Paris.

Ses dessins actuels sont généralement exécutés au format 50 x 65 cm sur papier. Il utilise essentiellement les crayons de couleur. Il s’agit pour lui de bâtir des compositions mettant en scène, dans un ordre en apparence aléatoire, un vocabulaire d’objets limité, petites maisons que l’on dirait issues d’un jeu de Monopoly, têtes de mort, ossements, serpents, oiseaux, poissons, petites voitures, personnages larvaires… Les têtes ont des expressions parfois endormies, stupéfaites, voire hébétées, comme si ceux qui les portaient étaient la proie d’une intense angoisse ‒ peut-être devant leur propre finitude ?
(Du même auteur « José Guirao, dessinateur par réaction vitale » dans Création Franche n°42 – Bégles, juin 2015).

Impressions de Régis Gayraud,
Universitaire slaviste, écrivain, collectionneur et amateur d’art singulier

José Guirao vit dans un quartier de Paris plutôt disgracieux, mais depuis sa tour, il voit toute la ville. Je suis allé chez lui et j’ai aimé, sitôt passé le seuil de sa porte, la douceur inattendue de cet appartement, et sa grande table de ferme flanquée de bancs qui vous invitent à boire le vin du Sud. Sur cette table, il m’a montré ses œuvres tandis que la radio déversait l’ouverture de Tannhauser. Certains dessins avaient une géométrie de tapis berbères. Le premier sautait aux yeux avec une évidence de blason jailli de l’inconscient : quatre animaux noirs veillaient deux osselets sur fond d’or, étirant leurs extrémités tels les plombs d’un vitrail saturé de maisonnettes toutes identiques, rangées comme des phobies grises dans un cerveau obsessionnel. Ensuite surgirent poissons, oiseaux, lézards, puis des hybrides d’humains et de poulpes, et même des matriochkas. Cela sur des fonds somptueux, dessinés au stylo-bille à petits traits croisés tissant des trames serrées, ou par à-plats de couleurs bien tempérées. José dessine sur un arrière-plan musical, s’abandonnant au choix des programmateurs de France-Musique, station qu’il met fort à l’autre bout de l’appartement, ouvrant toutes les portes pour que le son l’envahisse, qu’il soit jazz, classique, baroque… C’est ainsi que José ouvre grand son espace, chasse les idées noires et dirige l’orchestre des couleurs, là-haut dans sa tour comme une vigie dressée par-dessus notre grisaille.  

 Régis Gayraud

Éditions Voix de Garage

EXPOSITION
Du 1er au 29 févier 2024

Les Editions Voix de Garage présentent une sélection des artistes du catalogue

Halle Saint Pierre
– à la librairie (entrée libre)

Les Éditions Voix de Garage est une maison d’édition typographique artisanale et indépendante née en 2014 sous l’impulsion de l’écrivain et libraire Vincent Guillier. De la production jusqu’à la diffusion, Voix de Garage maîtrise le processus de publication de livres de A à Z. Les ouvrages sont uniquement composés au plomb mobile, imprimés et façonnés à la main, en général à très faible tirage.

 

 

Franck Strippe

EXPOSITION
D’HOMMAGE ET INTÉRÊT
œuvres graphiques de Franck Strippe
 du 1er au 31 mars 2024 

Halle Saint Pierre – à la librairie (entrée libre)

Editions Maurice Nadeau

A l’occasion de nouvelles parutions

Hommage à Christian DUFOURQUET
Flamboyants au crépuscule  (mai 2023) 
&
Rencontre avec ERVÉ, écrivain en marge pour
Morsures de nuit (septembre 2023)
Prix spécial du jury du Prix du Roman de la Nuit 2024

Organisés par les éditions Maurice NADEAU

Samedi 2 mars 2024 à 15 heures – entrée libre

Halle Saint Pierre – à l’auditorium
Réservation recommandée : 01 42 58 72 89

*
Christian DUFOURQUET
(1947 – 2023)

Christian Dufourquet né en 1947, ingénieur de formation, poète et écrivain, a passé 25 ans de sa vie en Afrique. Il a publié chez Maurice Nadeau quatre ouvrages : Nous ne cessons de dire adieu (2000) ; Mourir dormir tuer peut-être – (2003) ; Franz et Mania (2005) ; Un chapeau dans la neige (2011) et aux éditions Soupirail, À la cave comme au ciel (2015). Il vient de disparaître le 15 juillet 2023.

Flamboyants au crépuscule  (mai 2023)
Le narrateur, au crépuscule de son existence, se souvient des moments de fulgurance de son passé amoureux, de ses voyages lointains en terre d’Afrique, de ses rencontres avec la littérature qui ont pour noms, Artaud, Rilke, Lautréamont, Kafka ou Proust. Il fait le compte et le décompte des grands moments vécus, hantés de visions bouleversantes ou acides. Une langue poétique, remarquable, passionnée et visionnaire, évoque des visages, des bribes de souvenirs et de paysages, esquisse le contour d’un monde qui s’écroule, dedans, dehors. 

Extrait : 
« Tant d’années ont passé et la nuit africaine continue de le hanter, avec ses rares loupiotes éparses, qui, contrairement à celles qui délimitent une piste d’atterrissage, n’éclairent rien au dehors et vacillent en dedans quand la musique et les corps et pourquoi pas les tueries et les meurtres parfois entrent en résonance. C’est comme une voix de poussière qui s’élève sur un arc musical, le tam tam bat un rythme qui rassemble les vivants peu nombreux et les morts innombrables, les corps s’enlacent s’évitent se heurtent, la piste est une aire de terre battue où les hommes les femmes et les enfants secoués dans leur dos dansent la vie les ancêtres la misère constante et la mort, et aussi la douceur de respirer un temps ensemble, même si tout ça ne dure pas. Un jour, rien ne restera, pas même les cases sur les murs desquelles des mains anonymes auront laissé leurs empreintes de kaolin pour dire leur passage en ces villages où les anciens règnent de moins en moins, car les jeunes vont vers les villes, se foutent des vieux des cases et des fétiches. Les villes grossissent en ce continent qui bientôt débordera sur le nôtre, et où sa jeunesse retrouvera dans les zoos d’Europe les animaux que leurs pères auront vu disparaître de leur vivant… »

Un film, Un pas, un mot
Ed. Le Soupirail, 2016
Portrait réalisé par Vanya Chokrollahi – coll. L’Aube des mots dirigée par Mahmoud Chokrollahi.


E R V É

 Ervé a vécu jusqu’à cinquante ans dans la rue. Il a trouvé un toit pour s’abriter et une « maison » pour être édité. Il continue ce qu’il a toujours su faire, écrire. Morsures de nuit est sa deuxième publication. 

Morsures de nuit
Prix spécial du jury du Prix du Roman de la Nuit 2024.

« L’infini des nuits se compte en continents qu’on arpente en songe quand on sommeille à peine ».

Après les « Écritures carnassières » qui narraient par bribes des moments de sa vie, Ervé explore ses errances nocturnes, les nuits kaléidoscopiques qui auraient pu l’emporter ou celles qui l’ont sauvée, cet espace autre où la solitude se fait ouatée, où il peut se cacher et dessiner un destin secret. Ces nuits sont peuplées de leur cortège d’âmes brisées, des femmes fugaces et disparues qui reviennent le hanter, tout comme des silhouettes fantomatiques de toutes sortes qui glissent à ses côtés. Dans ces Morsures de nuit, le regard d’Ervé « toujours un peu au bord du monde », pose un regard singulier à la fois bienveillant et extraordinairement acéré sur notre réalité.

EXTRAIT

« Comme à l’accoutumée, j’ai droit aux questions à la con. Qui je suis. D’où je viens. Pourquoi je suis là. Réponse à la con à questions tout autant : Je suis, je viens de loin, je vis là. Sa moue perplexe me fait sourire. Je la trouve belle cette moue. Je lui explique que je suis SDF, qu’ici c’est mon bout de trottoir et que je n’ai pour horizon que ce qui ne m’empêche à rien. Tout en riant, elle m’avoue qu’elle n’a rien compris à la fin en me proposant le joint. La rue est vide, même les terrasses. Tout autour, les rideaux baissent. Enfin. Quelques murmures des appartements tout au plus viennent à mes oreilles. Elle me tend un gobelet et y sert une très large vodka. Elle tremble un peu. Ses mains tremblent un peu. Et ce n’est pas de froid puisque la nuit est douce. (…) Elle habite non loin et m’y invite. Je refuse. Trop jolie et bien trop éméchée. Je lui explique mon refus par le «?demain, tu regretteras.?» Elle boude. Je la trouve encore plus attirante et tire sur le joint.

Elle veut visiter la cave. Je lui réponds souris et rats. Elle veut comprendre ma détresse, je lui réponds «?morsures?» et «?flottements?». Ses yeux du noir des filles du Maghreb m’envoûtent, aidés par les lueurs sourdes du lampadaire au loin. Dieu que cette femme est divine. Et morsure.

Elle insiste pour que l’on aille au bord du canal «?se finir?». Je flotte.

Elle finit par vomir sa mauvaise boisson et je la raccompagne jusqu’au pas de chez elle. Tu es gentil vampire. Entre. »

 

« Absurde immobilité dans la nuit. Carcasse de pluie. Ses pieds tremblent juste un peu. Son cerveau résonne encore mais ne peut pousser cri. À peine du sanglot. Son cœur cesse. Il sourit. Il veut bien partir enfin. Plus de lourd à porter se dit-il. Ses larmes se mélangent au jaune-gris des réverbérations dans les flaques. Il part de chez nulle-part. Mais…

Une gamine espagnole a posé sa bouche sur la mienne et ses mains sur ma poitrine. Elle m’a réveillé. Quand les pompiers sont arrivés, je ne cherchais qu’elle. Elle était nulle-part. On me croyait fou. J’ai refusé l’hôpital. Je voulais rester là. Pour la recroiser. Palpite en moi, souvent, le souffle d’une autre personne qui me parle…

J’ai fait une troisième alerte cardiaque à ce moment-là. J’étais en état de mort quand une jeune femme a pratiqué les soins en attendant les gyrophares. Je ne sais ni son prénom ni son âge. Elle m’a réinsufflé. Elle était touriste espagnole. »

EN SAVOIR PLUS …

Voici une très belle émission sur « Morsures de nuit » diffusée sur France Bleu RCFM
 « Des livres et délire » : https://www.francebleu.fr/emissions/des-livres-et-delires/rcfm

« Morsures de Nuit » : la littérature sans toit ni loi selon Ervé par Jérôme Garcin dans L’Obs du 12 décembre 2023

A 50 ans et des poussières, Ervé publie la suite d’« Ecritures carnassières » et continue, incisif et tranchant, le récit de sa vie de SDF. Un livre d’une poésie folle, écrit au ras du sol et à ciel ouvert.

Noël approche et, pour Ervé, ça reste une « merde de joyeux Noël » . Car, durant plus de vingt ans, il a passé le glacial 24 décembre dans la rue. « Mes pas sur vos chaussées humides me renvoient les lumières de vos néons de Noël décoratifs et futiles tandis que vous dormez. Le sommeil ne veut pas de moi, alors il faut que je me fatigue » Combien de fois, cette nuit-là, n’a-t-il pas pensé à se « foutre en l’air » ?

La probabilité d’apercevoir au pied du sapin ses deux petites filles, ses deux « poumons » , comme il les appelle, l’en a toujours dissuadé. Et puis écrire l’aide à ne pas abdiquer. Pour chasser ses idées noires, il noircit des pages sous les réverbères. Il les a rassemblées l’an passé dans un premier livre, « Ecritures carnassières ». Avec « Morsures de nuit », voici, incisive et tranchante, la suite. Et la preuve qu’Ervé a désormais un domicile

Juliette Einhorn consacre sa chronique du Monde des livres du 17 novembre 2023 à Morsures de nuit sous le titre Ervé ou la poésie du tombeau des nuits. L’écrivain et SDF ajoute un tome vibrant à son journal de rue.

« Malgré la tristesse et la colère, l’âpreté sans nom de cette existence à ciel ouvert, la poésie fait valoir son urgence. Pour relire Rimbaud, nul besoin pour Ervé d’ouvrir ses livres :il se récite ses poèmes de mémoire. Avec ses propres mots hantés, qu’il dédicace à ses deux filles (ses «deux poumons»), il transforme ce qu’on pensait être un mausolée en un recueil vibrant, où la morsure devient baiser… »

 Filmé par Delphine Chaume, son éditrice, il s’exprime aussi sur notre chaîne Youtube

 

Blandine Ponet

Rencontre / Signature
A l’occasion de la parution du livre de 
Blandine Ponet
Guillaume Pujolle — La peinture, un lieu d’être

Editions L’atelier Contemporain, 19 janvier 2024
François-Marie Deyrolle

Dimanche 24 mars 2024 à 15 heures – entrée libre
Réservation recommandée : 01 42 58 72 89

Le livre

Sur les traces de Guillaume Pujolle, Blandine Ponet nous fait découvrir un singulier personnage, qui fut menuisier, douanier, peintre, et fut interné une partie de sa vie à l’asile de Braqueville, à Toulouse. Ce lieu, devenu l’hôpital Gérard Marchant, où Blandine Ponet elle-même a travaillé comme infirmière, est au commencement du récit. En partant de là, elle déroule la complexe destinée de l’artiste, en convoquant au gré de ses découvertes l’histoire de la psychiatrie, du surréalisme, de l’Art Brut ou des deux guerres mondiales. Manière, dit-elle, de lutter contre « l’oubli, l’immobilisme, l’absence d’histoire, l’ordre et la routine ».

L’histoire de Guillaume Pujolle secoue cette torpeur. Chez lui, une force secrète semble résister étrangement aux logiques de destruction intérieures et extérieures. Face à la violence des combats de la première guerre mondiale, qui « provoque des blessures inconnues jusqu’alors », charnelles et mentales, comme face aux assauts de la maladie, la peinture devient un lieu d’être. « Lieu d’être qu’il s’agit de construire-reconstruire parce qu’on en a été exilé à la fois par la guerre et par la maladie qui s’est déclenchée quelques années plus tard. Un double exil. Pour répondre à cette expulsion de soi-même, cette mise hors de soi – dont il ne faut pas oublier qu’elle est la conséquence de ce qui était exigé des soldats au front sous peine de condamnation à mort –, c’est une réponse concrète qu’il faut fabriquer. Opposer quelque chose à l’effondrement du monde. » Ce quelque chose, ce sera la peinture.

L’artiste

Guillaume Pujolle, né en 1893 à Saint-Gaudens et mort en 1971 à Toulouse, fut menuisier, douanier, mais aussi peintre. Après avoir travaillé comme ébéniste dans l’atelier de son père, il s’engagea comme soldat en 1913, et traversa la Grande Guerre aux premières lignes. À partir de 1926, il fut interné une grande partie de sa vie à l’asile de Braqueville, à Toulouse.

Il commence à peindre en 1935 avec des outils qu’il fabrique lui-même et des couleurs tirées de produits pharmaceutiques : teinture d’iode, bleu de méthylène, mercurochrome. Au sein de l’asile, il troquait parfois ses peintures contre un paquet de tabac. En 1948, Jean Dequeker, alors interne de Gaston Ferdière à l’hôpital de Rodez, consacre une thèse de médecine à son cas, et à ses dessins. À cette époque, sa renommée s’étend aussi dans les milieux du surréalisme et de l’Art Brut. Ses œuvres se trouvent aujourd’hui dans les Collections de l’Art brut à Lausanne, du LaM à Lille et au Musée de l’Hôpital Sainte-Anne à Paris.

L’auteure

Blandine Ponet est infirmière en psychiatrie à Toulouse, titulaire d’un DESS de psychopathologie clinique. Elle anime des ateliers de lecture de poésie, participe au Collectif Rencontres qui organise les Rencontres de Psychothérapie institutionnelle de Saint-Alban, et est membre du comité de rédaction de la revue Empan.

Aux éditions Érès, elle a publié plusieurs livres entremêlant questions thérapeutiques et esthétiques : L’ordinaire de la folie. Une infirmière engagée en psychiatrie (2006) ; puis Folie, leçon de choses. Journal d’une infirmière en psychiatrie (2011) et Les fracassés de vivre. Tentative pour une poétique de la folie (2014). Elle fait partie, comme dirait Emmanuel Venet, de « tous ceux que la folie d’autrui empoigne assez aux tripes pour qu’ils en refusent le scandale ou la fatalité ».

 

AILLEURS

 

EXPOSITION A LA LIBRAIRIE  
Du 3 au 31janvier 2024
Livre d’artistes avec 24 gravures de 

Martine BESOMBES
Olivier BESSON
MUZO
Sylvain SALOMOVITZ
+
SIGNATURE 
Samedi 13 janvier 2024 à partir de 15 heures

A la librairie de la Halle Saint Pierre – entrée libre

PRESENTATION

Cet « Ailleurs » ne vient pas de nulle part.

Ce livre d’artistes à été imaginé pendant les confinements de la Grande Pandémie et réalisé dès la liberté retrouvée.
En effet, quoi de plus urgent et agréable que de pouvoir réunir à nouveau des amis afin de réaliser un travail en commun après cette longue période de sinistre isolement.
En toute logique et évidence s’est imposé à nous  ce thème « Ailleurs », car c’est tout ce qui nous avait manqué pendant ce terrible épisode, être ailleurs.
Pas très loin pourtant, c’est aux Lilas que la typographie et le façonnage de ce recueil ont été faits.
Un peu partout sur nos presses les 24 gravures qui composent ce recueil ont été imprimées à huit mains.
Voici donc le résultat de cette association de rêveurs, et une rêveuse, d’Ailleurs.

  • Olivier Besson

Olivier BESSON,  Ailleurs Saint Sulpice

Martine BESOMBES, derrière la superette 

Sylvain SALOMOVITZ, La cour des miracles

NOTICES BIOGRAPHIQUES

Olivier Besson
Graveur, illustrateur, auteur de livres pour la jeunesse et aussi parfois pour les grandes personnes.

Derniers livres parus : Bêtes Insatisfaites, Poursuite Aquatique. Ed. Thierry Magnier

Livres d’artiste :

Voyage en queue de poisson
Deux silences et une apostrophe de Balbutiar XI ( d’après Antoine Volodine).

Martine Besombes
Depuis les années 80 j’ai tout d’abord travaillé dans les décors despectacles et d’intérieurs, et parallèlement des expositions depuis 1991 de peintures, de sculptures en bois, de dessins et de tableaux en papiers découpés.
Depuis 2015 cette dernière technique m’a mené vers la gravure sur cuivre, bois et lino. Dernièrement cette aventure m’a envoyé dans Ailleurs, livre d’artistes prochainement exposé à la Halle Saint Pierre.

https://www.instagram.com/martine.besombe

Sylvain Salomovitz
Je fabrique des images depuis l’adolescence, j’ai commencé par la photographie, puis j’ai croisé le chemin d’une presse dans une école de dessin de la ville de Paris, et plus tard je suis entré au beaux-arts dans l’atelier de gravure de maître Lagrange ou j’ai pratiqué les techniques du bois et de l’eau  forte.

Je n’ai cessé depuis de dessiner et de graver, et de peindre aussi; ça m’est indispensable bien que ça soit aussi une manie j’en ai peur! Mais enfin c’est extrêmement amusant de représenter la vie telle qu’elle apparait devant mes yeux, de la fixer sur le papier  grâce a toutes ces techniques qui m’ont été données.

http://sylvain.salomovitz.free.fr/sylvain.salomovitz/eaux-_fortes.html

 

 

 

Daniel Besace

EXPOSITION

Il me semble que l’art est une porte d’entrée dans le monde. En se glissant dans la solitude pour peindre, il se peut que le monde retrouve de la couleur et de la beauté, que cela pose des pansements sur des visions déchirantes diffusées en ce moment, où la politique, l’argent et les religions ne font plus qu’un amas de chairs et de métal.
L’avantage de la peinture sur l’écriture c’est qu’elle n’est pas parcourue par la parole, elle ne peut être intelligible, tout discours est une interprétation. La peinture ne contient aucune vérité, seulement des désirs.
L’acte de peindre est plus proche de la méditation contemplative que du discours.
Il n’y a pas le flot du dialogue intérieur et en cela, la peinture est très éloignée des livres.
L’apparition du monde sous le pinceau est si proche de la pensée préhistorique, que le monde secret de la grotte devient une découverte de l’esprit.

Extraits du catalogue :

 » Peut-être un tableau nait-il d’une impossibilité de faire un pas de plus dans l’intelligible?
Peut-être une peinture nait-elle d’un besoin absolu de s’isoler du monde ?
En peinture, la lumière ne m’intéresse pas beaucoup, elle est trop mécanique et je la pense indépendante de la couleur, car trop focalisante.
Un tableau me semble une surface sans dimension où seul l’esprit est une réalité.
La peinture serait une réflexion entre les regards détournés.
La profondeur du monde est un va et vient entre le contour et l’indécis.
Toute collection, tout musée, est peut-être une accumulation de ce qui ne fut pas jeté, détruit.
Peut-être les œuvres d’art devrait-elle être exposées dans des sacs plastics transparents, prêtes à être jetées, dans l’indifférence d’une époque ?
Dans toute peinture affleure l’enfance, à la surface des couleurs, dans l’intention de peindre, le conflit entre la nature et l’humain.
Quel est le regard des animaux sur l’humain abandonné dans la nature ?
Le voient-ils humain ou animal ?
Et s’il est paré comme Icare ayant chuté dans l’eau encore garni de quelques plumes élimées ? «