ART BRUT – ART OUTSIDER – ART SINGULIER – POP CULTURE
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Soirées poétiques et littéraires – Festival du film documentaire sur la création singulière – Salon des éditeurs indépendants – Conférences, débats, colloques sur la création alternative et la contribution de l’art brut à la réflexion sur la création.
Après près de 5 ans de soirées slam mensuelles dans divers lieux du 18e, la Nouvelle Scène de poésie du Chat Noir s’installe désormais à la Halle Saint-Pierre. Julien Barret, slamo-linguiste, et Romain Nouat, directeur de publication du Chat Noir, vous invitent à participer ou à assister à cette scène ouverte pleine de surprises. Le 7 décembre dernier, ils ont proposé leur formule Cabaret, rassemblant la crème des artistes du Chat Noir dans l’auditorium prêt à craquer. Ils reviennent maintenant avec leur scène poétique interactive dans le hall de la mythique Halle Saint-Pierre. Que vous pratiquiez le vers classique, le vers libre, la prose poétique, la chanson, le rap ou le conte, vous êtes invité·e à venir déclamer vos textes en direct. Rejoignez-nous pour partager la poésie et la faire résonner sous les voûtes de la Halle Baltard, ancien marché reconverti. Redonnez vie à la tradition du crieur, mais cette fois, ce sont les mots poétiques qui jailliront comme des flèches, touchant droit au cœur !
En ce début d’année 2025, la Halle Saint Pierre a le plaisir et l’honneur de recevoir l’écrivaine mauricienne Ananda Devi. La rencontre sera animée par Stéphane Poplimont, responsable de la librairie de la Halle Saint Pierre, et Hélène Baligadoo, conseillère scientifique de notre exposition du peintre et poète mauricien Malcolm de Chazal. L’attention sera portée sur les ouvrages récents de l’auteure et la collection « Ma nuit au musée » des éditions Stock. Sera également évoqué son article, publié dans Le Monde des livres, à propos de Malcolm de Chazal. Ananda Devi, à travers ses récits, offre aux lecteurs une vision critique de l’île Maurice, aux antipodes de celle officiellement transmise aux touristes…
Le Jour des caméléons (Grasset, 2023) : « Une île : Maurice, la narratrice du roman. Quatre personnages : un oncle las de la vie, sa nièce, unique lumière pour lui, une femme qui vient de quitter son mari, un chef de bande assoiffé de vengeance. Une journée où tout va exploser : la cité, les haines, peut-être l’île. Enfin, d’étranges animaux qui attendent patiemment que les humains finissent de détruire ce qui leur reste – leur humanité, leur foyer – pour vivre seuls, en paix : les caméléons. Unité de lieu, de temps, d’action. Le compte à rebours est lancé, le drame peut commencer. Mais reprenons. Le roman s’ouvre, la ville est à feu et à sang. Zigzig, le caïd meneur, tient dans ses bras une fillette ensanglantée. Les plus pauvres viennent de s’attaquer aux plus riches dans le centre névralgique de l’île : le shopping center, désormais en ruines. Au loin, un volcan gronde. Comment en sommes-nous arrivés là ? Quelques heures plus tôt, Zigzig partait avec les siens attaquer ses rivaux tandis que Sara regardait danser une femme libérée sur une plage abandonnée. L’île rembobine et nous raconte. On suivra tour à tour chacun des personnages jusqu’à ce que leur destin se mêle. On remontera aussi le cours de l’Histoire pour comprendre comment les peuples, les servitudes et les logiques du monde moderne ont saccagé cette terre de merveilles et divisé ses habitants. Avec sa langue tour à tour tendre et ironique, tranchante et poétique, Ananda Devi nous emporte dans un roman impossible à lâcher pour nous plonger dans le chaos des hommes. Le destin est en marche. Mais dans cette histoire-là, ceux qu’on croit les plus féroces seront peut-être les seuls héros. »
La nuit s’ajoute à la nuit (Stock, 2024) : « De quelle obscure impulsion ce texte, qui m’a hantée pendant de longs mois, s’est-il nourri ? Tout ce que je sais, c’est que j’ai été emportée, engloutie par le siècle d’histoire qui a traversé cette prison de Lyon, la prison de Montluc. Jean Moulin, Raymond Samuel, dit Aubrac, René Leynaud, André Devigny, les enfants d’Izieu y ont tous été emprisonnés. Puis de nombreux condamnés à mort algériens. Klaus Barbie, lui, y est incarcéré avant son procès en 1983. Ce n’est qu’en 2009 que l’aile des femmes, la dernière en activité, est définitivement fermée, en même temps que la prison. Toute la complexité de l’histoire semble s’être concentrée en un seul point, mais ses tentacules s’étendent bien plus loin. J’ai essayé de les suivre, de les démêler. De les pénétrer au cours d’une nuit blanche où je pensais aller à la rencontre des esprits de tant de résistants, et où j’ai fini par me rendre compte que le fantôme, en ces lieux, c’était moi. »
Samedi 7 décembre à 15h – à l’auditorium Entrée libre – Réservation conseillée : 01 42 58 72 89
Julien Barret, slamo-linguiste et Romain Nouat, directeur de publication du Chat Noir, vous invitent à cet évènement poétique et oratoire unique. Ils vous présenteront l’histoire du cabaret historique du Chat noir, leur rencontre 130 ans après, et la naissance de la Nouvelle scène de poésie du Chat noir qui se réunit à Montmartre depuis le début de l’année 2020. Chaque mois, ils accueillent toutes celles et ceux qui souhaitent déclamer leur texte en direct, quelle que soit la forme de leur art poétique – vers compté, vers libre ou prose poétique, chanson, rap ou conte. Des poètes et des poétesses issus de tous horizons vous présenteront un aperçu des Scènes de Poésie du Chat Noir. Après 4 ans et demi de scènes ouvertes de poésie slam, découvrez la crème de ces artistes réunis sur un plateau !
Le mot de Romain Nouat, rédacteur en chef du journal Le Chat noir : « Le journal Le Chat Noir est le journal mythique de Montmartre et tire son nom du cabaret du même nom, né fin 19e. C’est à cet endroit que toutes les personnalités artistiques et avant-gardistes de leur époque vont se bousculer, créant le mythe de la Butte. 137 ans plus tard, une toute nouvelle équipe va relancer le journal avec à sa tête son déplorable directeur de publication : Romain Nouat. Dans le même esprit, publiant poésie, littérature et illustrations, la nouvelle édition arrive bientôt à son 60e numéro. Et, pour coller toujours plus à l’objet artistique que sont les éditions du Chat Noir, la nouvelle équipe s’est lancée dans une toute nouvelle aventure : elle va désormais imprimer elle-même le journal, à Montmartre et avec des techniques ancestrales. Toujours dans l’idée de perpétuer l’esprit du Chat Noir, la nouvelle équipe organise « L’expo des 150 » qui regroupe, à la manière du Salon des Refusés, plus de 150 artistes contemporains et de diverses disciplines. Comme fin 19e, accompagnant Jules Lévy, alors à la tête du mouvement des Arts Incohérents, l’équipe du Chat Noir se bat pour créer un espace de libre expression pour la génération d’artistes vivants. Nous avons d’ailleurs publié une édition spéciale à l’occasion de l’Expo des Arts Incohérents, à l’Olympia. Organisée par Johan Naldy, qui a redécouvert des œuvres incohérentes, Le Chat Noir se devait d’accompagner cette exposition, comme elle l’avait fait à l’époque… Enfin, et depuis quelques années maintenant, toujours et encore dans l’idée de perpétuer l’esprit de la Butte, Julien Barret et Romain Nouat organisent la Nouvelle Scène de Poésie du Chat Noir. Comme à la fin du 19e siècle, un espace de libre expression, ouvert à toutes les formes d’oralité, est mis à disposition du public, des poètes et poétesses. Cette scène, en liens étroits avec la Cohérie Boris Vian qui accompagne le journal depuis ses débuts, voit défiler des formes d’expression très diverses, issues de régions très différentes du globe. La mixité est aussi un enjeu pour notre scène. Le Cabaret du Chat Noir fut l’un des premiers à donner la parole aux femmes et il est important que cette tradition perdure dans le monde de la poésie et du slam où les mentalités doivent encore évoluer. Et, encore une fois, Le Chat Noir sera là pour accompagner ces révolutions artistiques. »
RENCONTRE-SIGNATURE avec Albert Lemant Nuits blanches, manières noires
Dimanche 24 novembre à 14h – entrée libre Halle Saint Pierre – 2, rue Ronsard, 75018 Paris Réservation recommandée : 01 42 58 72 89
Nuits blanches, manières noires est un livre relatant la dernière nuit de la vie de Jacques Callot, illustré d’une cinquantaine de dessins à l’encre reprenant les 48 gravures des Balli gravés par Callot. Les originaux du livre, dessins à l’encre de chine sur vieux papier, seront exposés à la librairie de la Halle Saint Pierre.
Peintre, graveur, auteur-illustrateur, Albert Lemant est né à Paris en 1953. Taille-doucier de 1972 à 1986 à l’atelier Georges Leblanc à Paris, il se consacre ensuite à sa création personnelle. La recherche de nouveaux supports lui permet d’explorer des techniques aussi différentes que la gravure et les monotypes, l’aquarelle, les fixés sous verre, l’illustration, les installations en papier mâché… En collaboration avec sa femme Kiki, se rapprochant de plus en plus de ce que celle-ci appelle avec sa verve légendaire « le spectacle mort-vivant », ils organisent depuis 2001 de fréquentes expositions en France et dans le monde entier. Ces installations ludiques et parfois monumentales, destinées à un large public et s’apparentant de plus en plus à des mises en scène, nécessitent les compétences variées de jardiniers, techniciens, vidéastes, comédiens, musiciens, ainsi que celles de petites mains de toute sorte.
« Taille-doucier ? C’est un métier ça ?!… Et ça existe encore ?... Je me souviendrai toujours de ces mots lancés par le responsable du livre de la DRAC locale lorsqu’innocemment je venais dire que j’allais m’installer dans la région. Pas étonnant qu’il ne m’ait pas pris au sérieux. Je ne payais pas de mine de plomb. Et je ne devais pas avoir l’art. Ni les manières. Ni les blanches, ni les noires. J’étais pourtant issu d’une longue lignée de tailleurs. Mais sûrement pas sur cuivre. À peine français et encore moins lorrains. Ce n’était pas comme l’autre, là, le Jacques Callot… Lui, le cuivre c’était son truc. Les bains d’acide, c’était sa drogue. Enfant, il était tombé dedans. Des nuits blanches, il en avait passé toute sa vie, qui fut courte. Faut dire qu’à son époque, troublée son époque, on parle de la guerre de trente ans tout de même, ce n’était pas de la tarte, même pas aux mirabelles de Lorraine, d’être graveur en taille-douce. La taille-douce, à l’inverse de la taille dite dure, était une technique de gravure à l’eau-forte sur vernis que maître Jacques, de retour d’Italie, avait quasiment « inventé ». Un cador je vous dis, ce lorrain. Cette « taille » , c’est celle que je pratique encore aujourd’hui. Je suis taille-doucier. Donc, cette nuit blanche, c’est la dernière nuit de Callot sur terre. Et ces manières noires, ce sont celles des Balli di Sfessania, les personnages de la commedia dell’arte qu’il a gravé, en 1623. Et qui viennent se rappeler à son bon souvenir. Et au mien. Ils vont boire, danser, rire, pleurer, grincer et s’entrechoquer comme les dents d’un macchabée hilare. Une sorte de requiem. Une tentative d’hommage. Une ébauche de testament, si vous voulez. Et même si vous ne voulez pas. C’est grave, docteur ?… » Albert Lemant Juillet 2023
Chansons des mers du sud du poète argentin Mariano Rolando Andrade et son traducteur Christophe Manon
Passer outre de la poétesse Isabelle Lévesque
Samedi 16 novembre à 14h– entrée libre Halle Saint Pierre – à l’auditorium Réservation recommandée : 01 42 58 72 89
Mariano Rolando Andrade viendra d’Argentine pour nous parler de ses Chansons des mers du Sud, inspirées de ses voyages, dans le sillage d’autres grands voyageurs, tels que Conrad, Stevenson, Rimbaud. Avec Christophe Manon, ils échangeront sur le travail de traduction et nous proposeront une lecture croisée.
Isabelle Lévesque nous évoquera un autre voyage, dans les peintures de l’artiste Michèle Destarac, peintre de l’abstraction qui a côtoyé les artistes du groupe Cobra. La poétesse a composé des poèmes en regard d’œuvres exposées récemment Galerie Papiers d’Art à Paris. Elle nous proposera une lecture, un récit de sa rencontre avec la peintre.
Yannick Haenel Gérard Titus-Carmel Fouad El-Etr Pierre Cendors lu par Gabriel Dufay
Samedi 23 novembre à partir de 14h – à l’auditorium Réservation recommandée : 01 42 58 72 89
Yannick Haenel est né en 1967 à Rennes. Il a fondé la revue littéraire Ligne de risque, en 1997, qu’il a coanimé avec François Meyronnis. Il publie son premier roman aux éditions de La Table Ronde : Les Petits Soldats (1997), puis de nombreux autres aux éditions Gallimard dans la collection « L’Infini » : Introduction à la mort française (2001), Évoluer parmi les avalanches (2003), Cercle (2007, prix Décembre et prix Roger-Nimier), Jan Karski (2009, prix du roman Fnac et prix Interallié), Les Renard pâles (2013), Tiens ferme ta couronne (prix Médicis, 2017), Papillon noir / Longer à pas de loup (2020), Le Trésorier-payeur (2022). Il est aussi l’auteur de plusieurs essais, dont La Dame à la licorne. À mon seul désir aux éditions Argol (2005), La Solitude Caravage (Fayard, 2019, Prix Méditerranée) et Bleu Bacon aux éditions Stock (2024). Il publie deux volumes d’entretiens, dont Poker avec Philippe Sollers, chez Gallimard (2005). Il a créé il y a peu la revue littéraire Aventures, aux éditions Gallimard. Ses livres interrogent le nihilisme, l’Histoire, mais aussi la possibilité d’un érotisme contemporain. Dans chacun de ses romans, un personnage rompt avec la société et découvre une liberté nouvelle.
Gérard Titus-Carmel est né en 1942. Après des études de gravure à l’école Boulle, il s’affirme comme dessinateur et graveur. Travaillant par série autour d’un objet ou d’un thème, il analyse d’abord les processus de décomposition ou d’usure d’une forme. À partir de 1972-1973, il élabore lui-même le «modèle » que réclame son travail : petit coffret, nœuds, épissures, constructions de branchages sont fabriqués pour satisfaire le plaisir de dessiner, une dialectique inédite se trouvant ainsi instaurée entre la série et son référent. Dans les années 80, Titus-Carmel revient à la peinture, procédant toujours par ensemble : Caparaçons; Extraits & Fragments des Saisons; Forêts, 1995-1996; Nielles; Quartiers d’Hiver, 1999-2000, etc. Il y déploie des ressources techniques s’autorisant toutes les libertés pour épuiser son prétexte avec une assurance formelle et chromatique remarquable. Il a illustré nombre d’ouvrages de poètes et d’écrivains, et il est lui-même auteur d’une cinquantaine de livres : récits, essais, recueil de poèmes, écrits sur l’art.
Franco-irlandais, né en 1968, Pierre Cendors s’attache, de livre en livre, à capter un langage poétique, plus ancien et plus vivifiant que la parole, un langage qui n’est pas seulement humain, mais ouvert à la vie élémentaire, au terrestre, à l’écoute d’une primordialité ardente, qui est à l’homme ce que les espaces sauvages sont à l’animal. Il vit actuellement en Irlande. Il est l’auteur de romans (derniers titres parus: L’Homme-nuit, Quidam, 2023 ; L’Énigmaire, Quidam, 2021 ; Silens Moon, Le Tripode, 2019; Vie posthume d’Edward Markham, Le Tripode, 2018; Minuit en mon silence, Le Tripode, 2017), de récits (L’Invisible dehors, Isolato, 2015), de nouvelles (Exil Exit, La Part commune, 2014) et de poèmes (Les Hauts Bois, Isolato, 2013). Gabriel Dufay est acteur et metteur en scène ; auteur de plusieurs livres : Hors jeu (Les Belles Lettres, 2014) ; Michel Bouquet. Servir la vocation de l’acteur (Klincksieck, 2017) ; Jon Fosse. Écrire c’est écouter (L’Arche, 2023).
Fouad El-Etr, poète et éditeur libanais, né en 1942, est le fondateur de la revue de poésie La Délirante (1967), où les textes d’auteurs aussi prestigieux que Borges, Brodsky, Cioran, Paz, Schéhadé, etc., figurent aux côtés des illustrations des non moins célèbres Bacon, Balthus, Barthélémy, Botero, Rouan, Pelayo ou Szafran. « La Délirante » est également le nom de la maison d’édition dirigée par Fouad El-Etr, où en plus de ses traductions de l’anglais, de l’italien et du japonais, il a publié sa propre production poétique : Comme une pieuvre que son encre efface (1977), Là où finit ton corps (1983), Arraché à la nuit (1987), Entre Vénus et Mars (1993), Le Nuage d’infini (1995). Il a aussi publié un roman aux éditions Gallimard : En mémoire d’une saison des pluies (2021).
Pour une science du désordre : Hommage à Oskar NEGT (1934 – 2024)
Dirigé par Alexander Neumann, professeur des universités, chargé de recherches à l’Institut für Sozialforschung de Sarrebruck (Allemagne) et directeur de publication de Variations
CONFÉRENCES 2024 – 2025 Halle Saint Pierre – à l’auditorium
Réservation conseillée : 01 42 58 72 89
Jeudi 7 novembre 2024 de 14h à 17h30 :Penser le sujet de l’émancipation. Visite de l’exposition Gilbert Peyre : L’électromécanomanique avec les participants Mot de bienvenue de Martine Lusardy, directrice de la Halle Saint Pierre Prise de parole de Christinew Morgenroth-Negt (PU, Université Leibniz) et Alexander Neumann (PU, Université Paris 8 Ciph et LLCP)
Jeudi 21 novembre 2024 de 15h30 à 17h30 :Etat, éducation, espace public oppositionnel. Prise de parole d’Alain Patrick Olivier (PU, Université de Nantes Cren, Ciph)
Jeudi 12 décembre 2024 de 15h30 à 17h30 : Kant et Marx. Prise de parole de Diogo Sardinha (HDR, Université Lisbonne, Praxis)
Jeudi 9 janvier 2025 de 15h30 à 17h30 :Au bord du Kiaï. Prise de parole de Lucia Sagradini (Professeure en art, ESAD, Pyrénées) Suivi du verre de l’amitié.
Oskar Negt fut l’un des principaux coopérants de la Théorie critique de Francfort, à l’échelle mondiale, en particulier en rapport avec les Etats Unis, le Brésil, la Chine et la France, où il avait fait l’expérience de Mai 1968. L’anthologie des écrits de Negt, paru sous le titre L’espace public oppositionnel (Payot, Critique de la Politique, 2007), a connu une importante réception transdisciplinaire. Son œuvre rayonne et atteint vingt volumes de philosophie, de sociologie et de pédagogie. Dans les expressions de Negt jaillissent des concepts originaux, inspirés de Kant, Marx et Adorno, tels que l’espace public oppositionnel (Gegenöffentlichkeit), le travail vivant (lebendige Arbeit) ou la subjectivité rebelle (Eigensinn). Le point de départ de sa pensée critique est le renversement du discours bourgeois de l’ordre, illustré par le Hegel tardif, celui de la philosophie du droit et par le positivisme d’Auguste Comte, tous deux adeptes de l’ordre napoléonien. La thèse de doctorat de Negt, où émerge cette position, a été réédité en Allemagne sous le titre caustique: La sociologie en tant que science de l’ordre (Soziologie als Ordnungswissenschaft). Aujourd’hui, afin de lui rendre hommage en France, nous allons tenter de penser l’érosion de l’ordre traditionnel, dans le dessein de produire une science du désordre. L’expression peut sembler paradoxale, à la manière de la théorie du chaos, mais pour voir sa relative cohérence il faut se souvenir que la sociologie de Francfort part autant de la lutte des classes que de la dialectique négative, dit autrement de l’impossibilité d’un ordre pérenne et de l’imprévisible. La subjectivité rebelle empêche l’histoire de se refermer sur elle-même. La fiction d’un ordre naturel, qui ne soit pas indexé sur le droit naturel égalitaire, présente toujours une intention de restauration, sinon un potentiel autoritaire plus dangereux encore. Le principe de l’ordre naturel risque à tout moment d’attaquer la critique, l’écologie politique, le féminisme, la psychanalyse, l’art indépendant, le syndicalisme et les socialismes. Oskar Negt est décédé, mais sa pensée est vivace.
Dimanche 10 novembre à 14h – entrée libre Halle Saint Pierre – à l’auditorium
Réservation conseillée : 01 42 58 72 89
Programmation :
Voltes du miroir, poèmes choisis, traduits de l’espagnol (Cuba) et présentés par Alexandra Carrasco – édition bilingue – Collection Xénophilie, coédition Librairie La Brèche, éditions & Pierre Mainard, éditeur.
Évocation du poète José Triana et discussion sur la traduction avec Alexandra Carrasco (traductrice de Voltes du miroir) et Aline Schulman, en présence des éditeurs Joël Cornuault et Stéphane Mirambeau.
Lecture en français de poèmes de José Triana, extraits de Voltes du miroir, par Hanna Schygulla et Yves Llobregat ; en espagnol par Aline Schulman.
De José Triana, Alexandra Carrasco, sa traductrice, écrit dans sa préface informée et chaleureuse : « Cette disponibilité à l’autre, cette curiosité sans frontières qui faisait fi des goûts en vogue, d’une quelconque hiérarchie ou de l’échelle des valeurs dictée par l’establishment intellectuel, étaient le reflet d’une liberté d’esprit et d’une capacité d’étonnement qui transparaissent dans son œuvre ». Elle ajoute : « En toute logique, la recherche du sens incluait chez lui une éthique rigoureuse, et c’est bien en cela aussi qu’il habitait “en poète sur la terre”. »
Les poèmes de Voltes du miroir, traduits avec justesse et implication, se font l’écho de cette conduite, si rare aujourd’hui. Convoquant mythologie, rêves, souvenirs, enjeux de l’existence, ils interrogent et disent avec lyrisme « le métier de vivre », sans complaisance ni lamentation.
La 1ère monographie de Roger Chomeaux, artiste visionnaire et pionnier de l’écologie
RENCONTRE-SIGNATURE avecAymeric Rouillac, commissaire priseur et directeur de la publication, les deux éditeurs Myriam Lefraire et Milarépa Bacot, l’artiste et ami de Chomo Josette Rispal et le photographe Clovis Prévost, réalisateur de films sur Chomo.
Dimanche 27 octobre à 14h – entrée libre Halle Saint Pierre – 2 rue Ronsard, 75018 Paris
Le 15 octobre 2024, les éditions Lelivredart publient la première monographie de CHOMO, de son vrai nom Roger Chomeaux (1907-1999). L’ouvrage, nourri de plus de 100 photographies et archives inédites, rend hommage à un artiste visionnaire et multiple qui traverse le XXe siècle comme un météore. La forêt de Fontainebleau conserve encore son grand œuvre, le Village d’Art Préludien, réalisé au cours des quatre décennies où il y vécut retiré du monde.
Dirigé par Aymeric Rouillac (commissaire-priseur et expert près la cour d’appel), ce livre réunit les contributions d’historiens de l’art et de critiques, dont Michel Thévoz (fondateur de la Collection de l’Art brut à Lausanne), Harry Bellet (historien de l’art et journaliste culturel au Monde), Martine Lusardy (directrice au centre d’art La Halle Saint Pierre, Paris, et commissaire d’expositions), Françoise Monnin (historienne de l’art et rédactrice en chef du magazine d’art Artension)… L’ouvrage donne également la parole à ceux qui ont côtoyé l’artiste, notamment Jean-Hubert Martin (commissaire d’expositions, ex-directeur du Centre Pompidou), Josette Rispal (artiste et mécène de Chomo), Clovis Prévost (réalisateur de films sur Chomo), offrant ainsi une perspective unique et intime sur la vie et l’œuvre de Chomo.
Peintre, poète, sculpteur, architecte, musicien, dessinateur et cinéaste, Chomo laisse derrière lui une œuvre expérimentale et futuriste, à l’avant-garde de la pensée écologique, marquée par un refus radical de collaborer aux conventions artistiques de son époque et peu étudiée à ce jour par les historiens de l’art.
En 1960, après une première et unique exposition à la Galerie Camion conclue par un échec commercial malgré 15 000 visiteurs – parmi lesquels André Breton, Dalí, Picasso, Iris Clert, Anaïs Nin ou encore Atlan – l’artiste rompt le dialogue avec le milieu artistique de son temps. À 53 ans, il change de nom pour devenir CHOMO, faisant tabula rasa de ce qu’a été sa carrière d’artiste contemporain. Il fuit le monde et s’isole dans la forêt sur un terrain acquis par sa femme 20 ans plus tôt à Achères-la-Forêt, s’installant dans une maison préfabriquée dénuée de sanitaires, chauffage et eau courante, pour se consacrer entièrement à ses « expériences ».
Il tourne le dos à la société de consommation pour en transformer ses déchets – plastique, grillage à poule, bouteilles en verre – qu’il assemble aux matériaux naturels – terre, pierre, sable, humus. Adorateur de la Nature, il étudie les interactions des êtres vivants entre eux et avec leur milieu. Les courbes qui dessinent ses œuvres font écho à la vitalité organique, s’opposant aux formes rectilignes, allégories de la pensée construite.
« Il faut le considérer à cet égard comme un résistant de la première heure, précurseur du zadisme, des installations paysannes alternatives, de toutes les microsociétés communautaires émergentes […] » écrit Michel Thévoz, fondateur de la Collection de l’Art brut à Lausanne.