du 6 novembre au 1er décembre 2024 Halle Saint Pierre – entrée libre
Morgane Salmon exprime son univers foisonnant à travers des céramiques colorées et exubérantes où les motifs naturels, ressaisis par l’imagination, se développent, s’organisent et saturent librement l’espace sculpté. Dans un mouvement de profusion organique qui dépasse la fonction utilitaire de l’objet, la frontière entre art et artisanat est brouillée : un élan jubilatoire donne vie à l’œuvre, accueillie et accompagnée avec simplicité par cette artiste inclassable qui en respecte la croissance sans la contraindre par la raison.
L’univers de Stéphane Spach, emprunt de mélancolie, le conduit à photographier la nature. Tant avec des paysages, apparemment pauvres, qu’avec des vanités réalisées en atelier, il crée des ambiances théâtrales, où la lumière, comme une obsession, constitue le matériau principal. Ses images, narratives, nous immergent dans un univers qui nous interroge sur le familier et l’étrange. Il a souvent recours à la série pour réaliser un travail parfois proche de la photographie documentaire, lui permettant ainsi d’interroger le monde.
Chansons des mers du sud du poète argentin Mariano Rolando Andrade et son traducteur Christophe Manon
Passer outre de la poétesse Isabelle Lévesque
Samedi 16 novembre à 14h– entrée libre Halle Saint Pierre – à l’auditorium Réservation recommandée : 01 42 58 72 89
Mariano Rolando Andrade viendra d’Argentine pour nous parler de ses Chansons des mers du Sud, inspirées de ses voyages, dans le sillage d’autres grands voyageurs, tels que Conrad, Stevenson, Rimbaud. Avec Christophe Manon, ils échangeront sur le travail de traduction et nous proposeront une lecture croisée.
Isabelle Lévesque nous évoquera un autre voyage, dans les peintures de l’artiste Michèle Destarac, peintre de l’abstraction qui a côtoyé les artistes du groupe Cobra. La poétesse a composé des poèmes en regard d’œuvres exposées récemment Galerie Papiers d’Art à Paris. Elle nous proposera une lecture, un récit de sa rencontre avec la peintre.
Yannick Haenel Gérard Titus-Carmel Fouad El-Etr Pierre Cendors lu par Gabriel Dufay
Samedi 23 novembre à partir de 14h – à l’auditorium Réservation recommandée : 01 42 58 72 89
Yannick Haenel est né en 1967 à Rennes. Il a fondé la revue littéraire Ligne de risque, en 1997, qu’il a coanimé avec François Meyronnis. Il publie son premier roman aux éditions de La Table Ronde : Les Petits Soldats (1997), puis de nombreux autres aux éditions Gallimard dans la collection « L’Infini » : Introduction à la mort française (2001), Évoluer parmi les avalanches (2003), Cercle (2007, prix Décembre et prix Roger-Nimier), Jan Karski (2009, prix du roman Fnac et prix Interallié), Les Renard pâles (2013), Tiens ferme ta couronne (prix Médicis, 2017), Papillon noir / Longer à pas de loup (2020), Le Trésorier-payeur (2022). Il est aussi l’auteur de plusieurs essais, dont La Dame à la licorne. À mon seul désir aux éditions Argol (2005), La Solitude Caravage (Fayard, 2019, Prix Méditerranée) et Bleu Bacon aux éditions Stock (2024). Il publie deux volumes d’entretiens, dont Poker avec Philippe Sollers, chez Gallimard (2005). Il a créé il y a peu la revue littéraire Aventures, aux éditions Gallimard. Ses livres interrogent le nihilisme, l’Histoire, mais aussi la possibilité d’un érotisme contemporain. Dans chacun de ses romans, un personnage rompt avec la société et découvre une liberté nouvelle.
Gérard Titus-Carmel est né en 1942. Après des études de gravure à l’école Boulle, il s’affirme comme dessinateur et graveur. Travaillant par série autour d’un objet ou d’un thème, il analyse d’abord les processus de décomposition ou d’usure d’une forme. À partir de 1972-1973, il élabore lui-même le «modèle » que réclame son travail : petit coffret, nœuds, épissures, constructions de branchages sont fabriqués pour satisfaire le plaisir de dessiner, une dialectique inédite se trouvant ainsi instaurée entre la série et son référent. Dans les années 80, Titus-Carmel revient à la peinture, procédant toujours par ensemble : Caparaçons; Extraits & Fragments des Saisons; Forêts, 1995-1996; Nielles; Quartiers d’Hiver, 1999-2000, etc. Il y déploie des ressources techniques s’autorisant toutes les libertés pour épuiser son prétexte avec une assurance formelle et chromatique remarquable. Il a illustré nombre d’ouvrages de poètes et d’écrivains, et il est lui-même auteur d’une cinquantaine de livres : récits, essais, recueil de poèmes, écrits sur l’art.
Franco-irlandais, né en 1968, Pierre Cendors s’attache, de livre en livre, à capter un langage poétique, plus ancien et plus vivifiant que la parole, un langage qui n’est pas seulement humain, mais ouvert à la vie élémentaire, au terrestre, à l’écoute d’une primordialité ardente, qui est à l’homme ce que les espaces sauvages sont à l’animal. Il vit actuellement en Irlande. Il est l’auteur de romans (derniers titres parus: L’Homme-nuit, Quidam, 2023 ; L’Énigmaire, Quidam, 2021 ; Silens Moon, Le Tripode, 2019; Vie posthume d’Edward Markham, Le Tripode, 2018; Minuit en mon silence, Le Tripode, 2017), de récits (L’Invisible dehors, Isolato, 2015), de nouvelles (Exil Exit, La Part commune, 2014) et de poèmes (Les Hauts Bois, Isolato, 2013). Gabriel Dufay est acteur et metteur en scène ; auteur de plusieurs livres : Hors jeu (Les Belles Lettres, 2014) ; Michel Bouquet. Servir la vocation de l’acteur (Klincksieck, 2017) ; Jon Fosse. Écrire c’est écouter (L’Arche, 2023).
Fouad El-Etr, poète et éditeur libanais, né en 1942, est le fondateur de la revue de poésie La Délirante (1967), où les textes d’auteurs aussi prestigieux que Borges, Brodsky, Cioran, Paz, Schéhadé, etc., figurent aux côtés des illustrations des non moins célèbres Bacon, Balthus, Barthélémy, Botero, Rouan, Pelayo ou Szafran. « La Délirante » est également le nom de la maison d’édition dirigée par Fouad El-Etr, où en plus de ses traductions de l’anglais, de l’italien et du japonais, il a publié sa propre production poétique : Comme une pieuvre que son encre efface (1977), Là où finit ton corps (1983), Arraché à la nuit (1987), Entre Vénus et Mars (1993), Le Nuage d’infini (1995). Il a aussi publié un roman aux éditions Gallimard : En mémoire d’une saison des pluies (2021).
Pour une science du désordre : Hommage à Oskar NEGT (1934 – 2024)
Dirigé par Alexander Neumann, professeur des universités, chargé de recherches à l’Institut für Sozialforschung de Sarrebruck (Allemagne) et directeur de publication de Variations
CONFÉRENCES 2024 – 2025 Halle Saint Pierre – à l’auditorium
Réservation conseillée : 01 42 58 72 89
Jeudi 7 novembre 2024 de 14h à 17h30 :Penser le sujet de l’émancipation. Visite de l’exposition Gilbert Peyre : L’électromécanomanique avec les participants Mot de bienvenue de Martine Lusardy, directrice de la Halle Saint Pierre Prise de parole de Christinew Morgenroth-Negt (PU, Université Leibniz) et Alexander Neumann (PU, Université Paris 8 Ciph et LLCP)
Jeudi 21 novembre 2024 de 15h30 à 17h30 :Etat, éducation, espace public oppositionnel. Prise de parole d’Alain Patrick Olivier (PU, Université de Nantes Cren, Ciph)
Jeudi 12 décembre 2024 de 15h30 à 17h30 : Kant et Marx. Prise de parole de Diogo Sardinha (HDR, Université Lisbonne, Praxis)
Jeudi 9 janvier 2025 de 15h30 à 17h30 :Au bord du Kiaï. Prise de parole de Lucia Sagradini (Professeure en art, ESAD, Pyrénées) Suivi du verre de l’amitié.
Oskar Negt fut l’un des principaux coopérants de la Théorie critique de Francfort, à l’échelle mondiale, en particulier en rapport avec les Etats Unis, le Brésil, la Chine et la France, où il avait fait l’expérience de Mai 1968. L’anthologie des écrits de Negt, paru sous le titre L’espace public oppositionnel (Payot, Critique de la Politique, 2007), a connu une importante réception transdisciplinaire. Son œuvre rayonne et atteint vingt volumes de philosophie, de sociologie et de pédagogie. Dans les expressions de Negt jaillissent des concepts originaux, inspirés de Kant, Marx et Adorno, tels que l’espace public oppositionnel (Gegenöffentlichkeit), le travail vivant (lebendige Arbeit) ou la subjectivité rebelle (Eigensinn). Le point de départ de sa pensée critique est le renversement du discours bourgeois de l’ordre, illustré par le Hegel tardif, celui de la philosophie du droit et par le positivisme d’Auguste Comte, tous deux adeptes de l’ordre napoléonien. La thèse de doctorat de Negt, où émerge cette position, a été réédité en Allemagne sous le titre caustique: La sociologie en tant que science de l’ordre (Soziologie als Ordnungswissenschaft). Aujourd’hui, afin de lui rendre hommage en France, nous allons tenter de penser l’érosion de l’ordre traditionnel, dans le dessein de produire une science du désordre. L’expression peut sembler paradoxale, à la manière de la théorie du chaos, mais pour voir sa relative cohérence il faut se souvenir que la sociologie de Francfort part autant de la lutte des classes que de la dialectique négative, dit autrement de l’impossibilité d’un ordre pérenne et de l’imprévisible. La subjectivité rebelle empêche l’histoire de se refermer sur elle-même. La fiction d’un ordre naturel, qui ne soit pas indexé sur le droit naturel égalitaire, présente toujours une intention de restauration, sinon un potentiel autoritaire plus dangereux encore. Le principe de l’ordre naturel risque à tout moment d’attaquer la critique, l’écologie politique, le féminisme, la psychanalyse, l’art indépendant, le syndicalisme et les socialismes. Oskar Negt est décédé, mais sa pensée est vivace.
Dimanche 10 novembre à 14h – entrée libre Halle Saint Pierre – à l’auditorium
Réservation conseillée : 01 42 58 72 89
Programmation :
Voltes du miroir, poèmes choisis, traduits de l’espagnol (Cuba) et présentés par Alexandra Carrasco – édition bilingue – Collection Xénophilie, coédition Librairie La Brèche, éditions & Pierre Mainard, éditeur.
Évocation du poète José Triana et discussion sur la traduction avec Alexandra Carrasco (traductrice de Voltes du miroir) et Aline Schulman, en présence des éditeurs Joël Cornuault et Stéphane Mirambeau.
Lecture en français de poèmes de José Triana, extraits de Voltes du miroir, par Hanna Schygulla et Yves Llobregat ; en espagnol par Aline Schulman.
De José Triana, Alexandra Carrasco, sa traductrice, écrit dans sa préface informée et chaleureuse : « Cette disponibilité à l’autre, cette curiosité sans frontières qui faisait fi des goûts en vogue, d’une quelconque hiérarchie ou de l’échelle des valeurs dictée par l’establishment intellectuel, étaient le reflet d’une liberté d’esprit et d’une capacité d’étonnement qui transparaissent dans son œuvre ». Elle ajoute : « En toute logique, la recherche du sens incluait chez lui une éthique rigoureuse, et c’est bien en cela aussi qu’il habitait “en poète sur la terre”. »
Les poèmes de Voltes du miroir, traduits avec justesse et implication, se font l’écho de cette conduite, si rare aujourd’hui. Convoquant mythologie, rêves, souvenirs, enjeux de l’existence, ils interrogent et disent avec lyrisme « le métier de vivre », sans complaisance ni lamentation.
La 1ère monographie de Roger Chomeaux, artiste visionnaire et pionnier de l’écologie
RENCONTRE-SIGNATURE avecAymeric Rouillac, commissaire priseur et directeur de la publication, les deux éditeurs Myriam Lefraire et Milarépa Bacot, l’artiste et ami de Chomo Josette Rispal et le photographe Clovis Prévost, réalisateur de films sur Chomo.
Dimanche 27 octobre à 14h – entrée libre Halle Saint Pierre – 2 rue Ronsard, 75018 Paris
Le 15 octobre 2024, les éditions Lelivredart publient la première monographie de CHOMO, de son vrai nom Roger Chomeaux (1907-1999). L’ouvrage, nourri de plus de 100 photographies et archives inédites, rend hommage à un artiste visionnaire et multiple qui traverse le XXe siècle comme un météore. La forêt de Fontainebleau conserve encore son grand œuvre, le Village d’Art Préludien, réalisé au cours des quatre décennies où il y vécut retiré du monde.
Dirigé par Aymeric Rouillac (commissaire-priseur et expert près la cour d’appel), ce livre réunit les contributions d’historiens de l’art et de critiques, dont Michel Thévoz (fondateur de la Collection de l’Art brut à Lausanne), Harry Bellet (historien de l’art et journaliste culturel au Monde), Martine Lusardy (directrice au centre d’art La Halle Saint Pierre, Paris, et commissaire d’expositions), Françoise Monnin (historienne de l’art et rédactrice en chef du magazine d’art Artension)… L’ouvrage donne également la parole à ceux qui ont côtoyé l’artiste, notamment Jean-Hubert Martin (commissaire d’expositions, ex-directeur du Centre Pompidou), Josette Rispal (artiste et mécène de Chomo), Clovis Prévost (réalisateur de films sur Chomo), offrant ainsi une perspective unique et intime sur la vie et l’œuvre de Chomo.
Peintre, poète, sculpteur, architecte, musicien, dessinateur et cinéaste, Chomo laisse derrière lui une œuvre expérimentale et futuriste, à l’avant-garde de la pensée écologique, marquée par un refus radical de collaborer aux conventions artistiques de son époque et peu étudiée à ce jour par les historiens de l’art.
En 1960, après une première et unique exposition à la Galerie Camion conclue par un échec commercial malgré 15 000 visiteurs – parmi lesquels André Breton, Dalí, Picasso, Iris Clert, Anaïs Nin ou encore Atlan – l’artiste rompt le dialogue avec le milieu artistique de son temps. À 53 ans, il change de nom pour devenir CHOMO, faisant tabula rasa de ce qu’a été sa carrière d’artiste contemporain. Il fuit le monde et s’isole dans la forêt sur un terrain acquis par sa femme 20 ans plus tôt à Achères-la-Forêt, s’installant dans une maison préfabriquée dénuée de sanitaires, chauffage et eau courante, pour se consacrer entièrement à ses « expériences ».
Il tourne le dos à la société de consommation pour en transformer ses déchets – plastique, grillage à poule, bouteilles en verre – qu’il assemble aux matériaux naturels – terre, pierre, sable, humus. Adorateur de la Nature, il étudie les interactions des êtres vivants entre eux et avec leur milieu. Les courbes qui dessinent ses œuvres font écho à la vitalité organique, s’opposant aux formes rectilignes, allégories de la pensée construite.
« Il faut le considérer à cet égard comme un résistant de la première heure, précurseur du zadisme, des installations paysannes alternatives, de toutes les microsociétés communautaires émergentes […] » écrit Michel Thévoz, fondateur de la Collection de l’Art brut à Lausanne.